Google France et l’AFP s’unissent pour lutter contre les infox
L’Agence France Presse (AFP) et Google France ont annoncé lundi 6 décembre 2021 le lancement d’un programme de lutte contre la désinformation. Ce programme, surnommé “Objectif Desinfox”, a été mis en place dans la perspective […]
Ce que vous allez découvrir
- Rappels sur l’infox
- Les cinq piliers de l’alliance
- Google présent sur le marché des droits voisins
Google France et l’AFP s’unissent pour lutter contre les infox
L’Agence France Presse (AFP) et Google France ont annoncé lundi 6 décembre 2021 le lancement d’un programme de lutte contre la désinformation. Ce programme, surnommé “Objectif Desinfox”, a été mis en place dans la perspective des élections présidentielles d’avril prochain ainsi que des législatives.
«Ce programme de formation et de collaboration, à destination des rédactions françaises, s’appuiera sur une alliance des médias et d’organisations de fact-checking intéressés dans la lutte contre la désinformation», indique le communiqué commun des deux sociétés.
Rappels sur l’infox
Une infox, ou fake news est une information non vérifiée, fausse voire volontairement falsifiée. Le terme existe depuis quelques années maintenant, mais depuis l’élection de Donald Trump en 2016 et celle d’Emmanuel Macron en 2017. Par exemple, pendant la période de 6 mois avant le premier tour de l’élection présidentielle de 2017, on estime qu’il y a eu près de 2 millions d’infox.
À l’heure de l’ère numérique et de la toute puissance des réseaux sociaux, une information peut circuler à grande échelle très rapidement, qu’elle soit vraie ou non. Ce qui amène forcément à des déboires, et à une méfiance grandissante envers un média. Nous allons évoquer trois exemples d’infox pendant la dernière élection présidentielle.
- Un sondage montrant Marine Le Pen en tête à l’issue du débat, relayé par nulle autre que le trésorier du FN (RN maintenant). C’était en réalité un simple montage, avec des chiffres inventés.
- La campagne d’Emmanuel Macron financée par l’Arabie Saoudite. Une fausse information démentie assez facilement par plusieurs organismes de presse, sortie par des opposants politiques.
- Une montre de Jean-Luc Mélenchon qui coûterait près de 17 000 euros. C’était une capture d’écran de la tête de liste de la France Insoumise, mais il s’est avéré que c’était une simple montre d’environ 100 euros. Évidemment, la photo et le faux prix ont été largement relayés dans les réseaux sociaux, ne manquant pas de créer de nombreux débats.
Plus récemment, c’est la Covid-19 qui a fait les frais des infox. Toutes sortes d’informations sortaient chaque jour partout sur le Web, comme un vaccin qui rendrait stérile, le fait de boire son urine qui permettrait de guérir du virus, ou encore le fait de manger une orange brûlée qui redonnerait le goût. Des fausses informations qui sont tout de même partagées sur tous les réseaux sans plus de vérifications. Vous l’aurez compris, une infox n’est pas juste une actualité amusante, elle peut avoir de vrais impacts sur la société.
Les cinq piliers de l’alliance
L’alliance adoptée entre Google et l’AFP repose sur cinq piliers principaux. Premièrement, des formations thématiques en ligne à partir de mi-janvier à destination de tous les médias et organisations de fact-checking membres de l’alliance, pour enseigner l’investigation numérique aux journalistes. Ce pilier devrait permettre de lutter contre le cyberharcèlement, d’améliorer les processus de veille, etc).
Deuxièmement, la création d’une plateforme collaborative pour échanger entre les différents membres de l’alliance. La plateforme inclura un dispositif de signalement de contenus faux ou trompeurs pour le grand public et alimentera toutes les rédactions partenaires.
Troisièmement, des réunions thématiques mensuelles animées par l’AFP, auxquelles tous les membres seront conviés, avec la participation d’intervenants et d’experts extérieurs (chercheurs, sociologues, etc).
Quatrièmement, la mise à disposition des contenus de facts-checking politiques de l’AFP pour les membres de l’alliance sur le site AFP Factuel et sur la chaîne YouTube «AFP Fact Check».
Cinquièmement, un programme d’accompagnement et de soutien pour les rédactions de facts-checks, et pour les membres de l’alliance dans la réalisation et la production de leurs propres contenus. Ces contenus bénéficieront du label “Objectif Desinfox”, et l’AFP produira des vidéos des meilleures productions. Le label sera une vraie source à part entière. Ainsi, une vraie information vérifiée, sourcée, relue, aura une réelle plus-value, et incitera les journalistes à sans cesse faire des recherches pour sortir une information véridique dans leurs articles de presse.
«La coalition des médias vise à souder les rangs des acteurs de la lutte contre la désinformation dans la perspective de l’élection présidentielle», a déclaré le PDG de l’AFP, Fabrice Fries, cité dans le communiqué. «Chaque année, Google forme des milliers de personnes du monde du journalisme aux outils du numérique, et ce partenariat avec l’AFP permet d’amplifier ces formations», a affirmé de son côté Sébastien Missoffe, directeur général de Google en France.
L’AFP est le premier réseau de production de fact-checking dans le monde avec plus de 120 journalistes qui travaillent en 24 langues dans 85 pays.
Google présent sur le marché des droits voisins
Ce n’est pas la première fois que Google et l’AFP s’unissent dans le but du bien commun. Le mois dernier, il a été annoncé que les deux organismes se sont entendus sur le thème des droits voisins.
«Après le temps des combats, puis le temps du dialogue, le temps de l’accord est enfin venu», résument l’AFP et Google France. L’agence de presse et Google annoncent être parvenus à la signature d’un accord spécifique de rémunération au titre du droit voisin. «Nous sommes heureux de dévoiler cet accord européen sur cinq ans, qui commence cette semaine, détaille Sébastien Missoffe. Il n’est pas mélangé à des prestations commerciales.» Si le montant de l’accord reste confidentiel, Fabrice Fries le qualifie de «significatif».
Cet accord d’une portée européenne a été pensé en anticipation de la transposition dans d’autres pays du droit voisin, instauré par la directive européenne sur le droit d’auteur en mars 2019. La directive oblige les plateformes numériques à rémunérer les éditeurs de presse écrite pour la publication et le partage de leurs contenus. Google va donc payer l’Agence France-Presse pendant cinq ans pour utiliser ses contenus en ligne. Il s’agissait du premier partenariat conclu par une agence de presse au titre des « droits voisins », qui permettent aux agences de presse, ainsi qu’aux éditeurs de journaux et magazines, de se faire rémunérer par les grandes entreprises réutilisant leurs contenus sur Internet. Les droits voisins, les infox, le peu que l’on puisse dire, c’est que Google et l’AFP sont en train de construire une belle relation pour le futur.
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